Était-il clair dès le départ que vous alliez superviser Château Climens ?
Lorsque nous avons démarré le processus d’acquisition, je n'envisageais pas de prendre en charge la gestion du domaine, mais lorsque nous avons découvert Climens, cela est très vite devenu clair. Je suis un fervent défenseur des terroirs, convaincu qu’ils sont incontournables si l’on veut faire de grands vins. La découverte du terroir de Climens et de la fraicheur qu’il confère à ses vins m’a rapidement convaincu que nous avons un superbe potentiel pour faire de grands vins blancs, qu’ils soient liquoreux, comme notre 1er cru classé, ou secs, comme Asphodèle depuis 2018, puis Lilium et Petite Lily depuis notre arrivée.
Comment vous êtes-vous préparé à votre travail ?
Je n’ai pas fait d’études viticoles mais j’ai fait des études scientifiques et d’ingénieur. Je suis passionné par le vin depuis plus de trente-cinq ans, j’ai beaucoup dégusté, fais partie d’un club de dégustation, et découvert de nombreux vignobles et vignerons à l’occasion de visites. Féru de livres, j’ai aussi beaucoup appris par mes lectures. Curieux par nature, j’ai découvert aussi les enjeux du bio, de la biodynamie, à l’époque où ces pratiques étaient peu connues et plutôt mal comprises.
J’ai donc pu développer ma propre vision du vin et j’ai pu aussi, par ma pratique professionnelle, développer des compétences en marketing et gestion, ainsi qu’une capacité de travail avec les experts techniques, ce qui me permet aujourd’hui d’animer la formidable équipe de Climens.
Vous souvenez-vous encore de vos premiers jours à Château Climens ?
Oui, parfaitement. C’est le premier jour de ma prise de fonction que nous avons acquis les premiers Wineglobes, contenants en verre, qui nous ont permis de faire une grande avancée et de développer notre grand vin blanc sec, Lilium. Nous rendions visite à un fournisseur technique pour échanger sur sa solution de protection du vignoble contre le gel ; c’était ma première priorité en prenant mon job, car il fallait absolument se préparer à affronter l’hiver et éviter les déboires des années précédentes (3 millésimes sans production à cause du gel). Nous en avons profité pour voir les Wineglobes de ce distributeur. Et après quelques essais, cela s’est révélé être une découverte majeure pour l’élevage de notre grand vin blanc sec.
Dans quelle mesure votre consommation de Sémillon a-t-elle augmenté ces dernières années ?
De manière drastique, car je buvais peu, sinon pas, de Sémillon auparavant. J’ai découvert un cépage très intéressant, qui peut être exceptionnel mais qui nécessite des conditions particulières pour s'exprimer pleinement. A Bordeaux, il est souvent assemblé avec du Sauvignon, perdant ainsi son expression aromatique authentique et riche derrière celle plus tranchante du Sauvignon. Grâce à notre terroir exceptionnel, avec la présence de la dalle calcaire du plateau du Haut Barsac dans le sol, nous pouvons exprimer pleinement le Sémillon.