Clos de Vougeot : les moines créent la légende

En 1098, les moines cisterciens du monastère voisin de Cîteaux plantent les premières vignes de Pinot Noir sur le sol très hétérogène de Vougeot. Les parcelles se succèdent. Ils ont défriché et planté avec beaucoup de minutie, construit un pressoir simple mais très fonctionnel au centre du vignoble et enfin érigé le mur de pierre. C'est la naissance officielle du Clos de Vougeot. Les deux premiers superlatifs sont nés.

Mais ce n'est pas tout. Les moines ont analysé le microclimat de chaque parcelle ainsi que les conditions de croissance des différents cépages de pinot noir qu'ils ont plantés. Et, bien sûr, les différents types de sol. Il y en a beaucoup dans le Clos de Vougeot. Le sous-sol change en effet tous les quelques mètres. Le mélange d'argile et de calcaire, la profondeur - des facteurs qui sont assez homogènes dans la plupart des autres grands crus de Bourgogne sont soumis à une grande diversité ici. Tout cela a fait l'objet de recherches cisterciennes. Selon la légende, les moines auraient même goûté les différents types de sols pour mieux les comprendre.

Les résultats des recherches des cisterciens sont encore valables aujourd'hui. D'une manière générale, on peut dire que la partie haute du Clos de Vougeot, où se trouve le château depuis 1551, présente des sols particulièrement maigres et riches en calcaire. En revanche, dans la partie basse, là où passe aujourd'hui la route nationale, ce sont des sols argileux et lourds qui prédominent, dans lesquels l'humidité peut s'accumuler très facilement. Mais là aussi, on trouve des veines de calcaire.

Un seul devient plusieurs : Le Clos de Vougeot fragmenté

Le Clos de Vougeot est donc une véritable mosaïque de sols qui a été clairement répertoriée par les moines pour la première fois. Mais les moines sont allés plus loin. Ils ont expérimenté avec les raisins des différentes parcelles et ont assemblé des cuvées élaborées pour montrer le caractère du terroir dans les vins de différentes manières. Un véritable coup de maître, dont il ne reste malheureusement rien aujourd'hui. Après la sécularisation au cours de la Révolution française à la fin du 18e siècle, les parcelles de terre sont devenues des propriétés privées. En raison de la loi bourguignonne sur les successions, la propriété est devenue de plus en plus fragmentée. Aujourd'hui, entre 70 et 90 viticulteurs - selon les sources - cultivent le vignoble.

Et comme les vignerons ne font pas de vin ensemble, les vins du Clos de Vougeot ne sont plus produits qu'à partir de parcelles individuelles. Par conséquent, personne ne peut mettre en bouteille la grande idée de terroir des moines. Néanmoins, l'esprit d'exploration des cisterciens se perpétue dans le Clos de Vougeot. Cela tient au château que Dom Loisier, quarante-huitième abbé de Cîteaux, a fait construire en 1551 autour des pressoirs existants. Conçu à l'origine comme un magnifique édifice, le château menaçait de tomber en ruine au fil des siècles.

Changement de propriétaire inclus

Plus de trois siècles et une révolution plus tard, le château et le Clos de Vougeot passent en mains privées. Les propriétaires changent encore et encore. Ce n'est qu'en 1818 que les choses se stabilisent un peu lorsque le banquier Gabriel-Jules Ouvrard achète le château et le vignoble. Un an plus tard, il acquiert également le vignoble voisin de la Romanée-Conti, mais ce n'est que provisoire. Après sa mort, le Clos de Vougeot est partagé entre ses trois héritiers, mais ils continuent à le cultiver dans son ensemble. En 1882, le vignoble est définitivement détruit par le phylloxéra, puis replanté. En 1889, six négociants bourguignons reprennent la propriété. C'est le début de la division du Clos de Vougeot.

C'est aussi grâce à l'un de ces trois négociants que le château, qui menaçait de tomber en ruine, brille encore aujourd'hui de tous ses feux. Léonce Bocquet achète non seulement quelques hectares de vignes, mais aussi l'ensemble du château qu'il fait somptueusement restaurer. Cela l'a mené au bord de la faillite, car il avait un réel penchant pour le faste. Il réussit cependant à financer la reconstruction. En remerciement, l'allée du château porte son nom depuis 2013. Après sa mort, Bocquet a trouvé sa dernière demeure dans le Clos de Vougeot, tant il aimait ce lieu d'exception.

Le Château du Clos de Vougeot et la Confrérie des Chevaliers du Tastevin

Après Bocquet, Etienne Camuzet devient le nouveau propriétaire du château en 1920. Vigneron, député et maire de Vosne-Romanée, le château, qui a marqué la région, lui tient également à cœur. A partir de 1930, il met le château à la disposition de la Confrérie des Chevaliers du Tastevin, dont la mission est de promouvoir l'image et la commercialisation des vins de Bourgogne. Le 29 novembre 1944, Camuzet vend le bâtiment à la Société Civile des Amis du Château du Clos de Vougeot, nouvellement créée, qui accorde à la Confrérie un droit de jouissance de 99 ans.

La Confrérie des Chevaliers du Tastevin a utilisé ce droit de manière très efficace depuis lors. Le 16 novembre 1948, la Confrérie a tenu son premier Chapitre de la Résurrection au château, une réunion officielle des membres suivie d'un gala au cours duquel des personnalités internationales ayant apporté une contribution exceptionnelle à la Bourgogne et à ses vins ont été célébrées. Ces chapitres ont toujours lieu plusieurs fois par an. Cependant, la confrérie n'utilise plus le Château du Clos de Vougeot de manière autonome. Le château, classé monument historique depuis 1949, est désormais ouvert au public toute l'année.